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22/07/2019

Indochine, 3 nuits par semaine

Indochine - Album ''3'' Megamix (DJ Nocif Mix).jpgVoir le début ici et .
Présent, passé simple, imparfait, passé composé, futur... Quand on maîtrise mal la langue, on utilise le présent, c'est plus simple. De plus le présent rend le texte plus actuel, plus vivant. Si on veut se lancer dans le passé, on retient que le passé simple est le temps de l'action soudaine, l’imparfait celui de la continuité et de l'habitude, et que surtout, on ne mélange pas le passé simple avec le passé composé, et encore pire, avec le présent et le futur !

3 nuits par semaine est en cela l'exemple typique de l'arrachage de cheveux. Il faut croire que la passion amoureuse trouble tellement Nicola Sirkis qu'il mélange tous les temps :

C'est dans la nuit de Rebecca Que la légende partira (futur)
Et aujourd'hui pour une troisième fois (présent)
Elle décidait de sa première fois (de l'imparfait ? Si tu écris "aujourd'hui", tu continues au présent avec "elle décide". Si tu veux écrire au passé, le temps de l'action, tu n'utilises pas l'imparfait, mais le passé simple : "elle décida")
C'est avec lui qu'elle le voulait
Qu'elle désirait à ce qu'il l'aimait ("désirait à" ? ce n'est pas français. tu veux dire "accédait à" "concédait à"? et puis tu mets au présent, ou au passé simple, pas à l'imparfait.)
Et puis avec cet homme qui rit (du présent)
Celui pour qui elle a choisi (passé composé)
Dans la chambre au pied du fleuve La ville endormie les laisse seuls 
Et sous la chaleur et sans un bruit Ils rattraperont tout de la nuit

Mais 3 nuits par semaine 
C'est sa peau contre ma peau et je suis avec elle 
Et 3 nuits par semaine bon dieu, qu'elle est belle 
Mais 3 nuits par semaine c'est son corps contre mon corps 
C'est nos corps qui s'enchaînent 
Mais 3 nuits par semaine mais bon dieu qu'elle est belle (Ben voilà ! tu laisses tout au présent et tout se passe bien !)

A bout de souffle comme une sirène Elle voit son corps qui se réveille 
Elle arrachait tous ses vêtements (De l'imparfait au milieu du présent ! Mais au secours !)
Par quelques gestes élégants (pas comme ta prose)

Il posa ses mains sur elle a rougi (avec le passé simple, tu ne mets pas du passé composé ! Tu continues avec le même temps ! "elle rougit")
Il a tout voulu et on l'a puni (passé composé)
Elle caressa en douceur (passé simple)
Comme pour oublier sa douleur (il s'y prend bien le gars...)
Et il l'a prise dans ses bras ("il la prit" au passé simple !)
Car elle avait un peu froid, à cet instant et à chaque fois 
Elle voudra le revoir au moins 3 nuits, 3 nuits

Quelle maso !

16/07/2019

Indochine, tentative d'explication de texte (suite)

indochine,chanson française,musiqueRelire le début ici.
Indochine a le chic pour sortir des phrases absconses, mais aussi très sombres. Les paroles morbides donnent envie de se flinguer. Les mélodies sont au contraire très joyeuses et invitent à la danse. L'aspect schizophrénique ou bipolaire des chansons d'Indochine apparaît clairement dans Song for a dream, sa mélodie très entraînante, son air de comptine enfantine associé à des paroles déprimantes. Je vous laisse imaginer mon malaise lorsque j'ai surpris ma nièce de 5 ans tournoyer avec sa robe à fleurs en chantant de sa petite voix aiguë et innocente :
"Attaque mes rêves ou détruis mon âme 
On fera un rêve incroyable !"

Oubliez le respect des rimes, oubliez le respect du nombre de pieds, Indochine marche dessus allègrement. Chaque phrase devrait comporter un nombre de syllabes identique pour harmoniser l'ensemble, à l'image d'un alexandrin par exemple, 12 pieds, une césure au milieu de 6 syllabes. Mais on a l'impression que le compositeur improvise la mélodie pour placer tout ce qu'il veut dire. On sent qu'il écrit son texte avant la mélodie, c'est la musique qui s’adapte aux paroles, pas l'inverse. Exemple :

On aura une vie incroyable
Je voudrais un rêve idéal (il n'a pas trouvé de rime en "able", je peux l'aider : un rêve formidable, un rêve de sable/câble/table/râble...)
J’aimerais être un guerrier, (6 syllabes) quelqu’un d’effrayant (5) (bah ça rime pas ?!)
J’aimerais que tu reviennes (6)
J’aimerais me sentir bien (6), accueillir des réfugiés (7) (mais où sont les rimes ?!)

Vous pouvez constater à l'écoute de la chanson que cette dernière partie ("accueillir...") sonne très mal, comme si elle était rajoutée. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe: "Tiens, dans l'actualité on évoque les migrants, faudrait que j'en parle dans ma dernière chanson ! Je l'ai déjà écrite, je vais rajouter un bout de phrase, ils vont y voir que du feu !"

Le chanteur passe du coq à l'âne :
"J’aimerais être vivant et ne plus avoir peur
J’aimerais aimer mon père
J’aimerais savoir quoi faire
J’aimerais bien le comprendre
J’aimerais bien qu’il attende
J’aimerais être important
J’aimerais être un désir (?)
J’aimerais être un fossile (?!) (d’autres sites entendent "impossible" ce qui me paraît plus cohérent, même si ce n'est toujours pas le summum de la logique)

On loue le message de tolérance que délivre Indochine, surtout que le groupe se pose en modèle pour les jeunes : le racisme c'est pas bien (la chanson Un été français : pardonne-moi si ici tout devient froid national"), l'homophobie c'est mal (la chanson Alice et June, 3ème sexe...)

Enfin, si je saisis bien de quoi on parle, car les propos restent obscurs :
Elle n'avait juste qu'un ennui
C'est de comprendre les jours de pluie

Moi j'aimerais bien comprendre les paroles d'Indochine !
à suivre

24/05/2019

Indochine, tentative d'explication de texte

indochine la joie de vivre.jpgUne illustration sponsorisée par Prozac.
Les esprits chagrins critiquent :
- "Nicola Sirkis est ridicule avec son look de corbeau !"
Il est devenu blond, c'est le sosie de Sophie Davant ! Au début du concert j'ai cru qu'il avait les cheveux blancs : « mais c'est qui ce pépé sur scène ? »
- "Nicola Sirkis se prend trop au sérieux et on ne comprend rien à ses paroles !"
C'est vrai que les Inconnus ont parodié Indochine avec l'excellente Vice et versa, que je connais par cœur, contrairement aux paroles obscures de Sirkis que je ne parviens pas à retenir.
Plutôt que le look et les paroles de dépressifs, je préfère me concentrer sur le caractère joyeux des mélodies d'Indochine. J'ai l'impression d'avoir à nouveau 15 ans quand je danse sur L'aventurier
Je remarque des défauts (les paroles absconses ou parfois mal écrites, avec des fautes de concordance de temps, les mélodies souvent similaires ou simples, le look particulier) mais je refuse de faire la snob élitiste. La musique d'Indochine est parfaite pour mettre une bonne ambiance et donner la patate (si on ne fait pas attention aux paroles moroses). Quand j'ai un coup de mou, quand je veux faire du sport, je mets Indo, et hop, ça repart.

Mais Nico, faut qu'on parle.

Au collège et lycée, ma matière préférée était le français. J'adorais décortiquer les textes, trouver les champs lexicaux, dénicher leur double sens, comprendre comment l'auteur tentait de nous manipuler. J'ai développé mon esprit critique et je peux décrypter les discours fumeux et langues de bois. J'étais la chouchoute des profs de français, qui qualifiaient ma prose « d'élégante ». Je mettais un point d'honneur à écrire dans un langage châtié et soutenu. (Mais ça, c'était avant. Avant que je ne blogue et découvre que sur internet, on écrit comme on parle, et que je modifie donc totalement mon style (je pourrais écrire avec mon sang : « internet m'a tuer »)

A la même époque, j'écoutais Indochine, mais j'étais horrifiée par leur prose. Je veux bien employer un langage familier. Mais Nico, les fautes de français, de concordance des temps, pourquoi ? Depuis 35 ans que tu chantes, personne ne t'a prévenu ? Tu n'as pas écouté Les inconnus qui te parodient en chantant : Il faut que tu arriveras  ? On t'a critiqué, on s'est moqué, et plutôt que de te corriger, tu t'es dit « ah ouais je fais des fautes ? Ah ouais, mes paroles sont incompréhensibles ? Et ben tiens, je vais en remettre une couche, na !!  Je vais leur mélanger tous les temps de conjugaison dans le même couplet, ils vont voir !»

Je connais pourtant certains tubes par cœur, mais ça m'arrache la gueule de les chanter. Par exemple, un extrait du dernier album que je mets pour faire ma gym, station 13 :

Je suis ce que je savais (tu veux dire: "je suis devenu celui que je pressentais ? Celui que je voulais être, un chanteur célèbre" ? Ou bien tu es devenu la somme de tes connaissances, ce que tu as appris t'as permis d'être celui que tu es aujourd'hui ?)
J'y ai dansé la nuit (mais où ?)
L'esprit parfois retrouvé (oui ce serait bien que tu deviennes plus clair)
vice et versa inconnus.gifEt parfois c'est fini (mais quoi ?)

J'y ai vu le vide (mais où ?)
Je m'y accroche encore (mais à quoi ?)
Je suis ce que je savais (mais explique toi !)
J'y ai dansé un soir (mais où enfin !)

Je descendis toutes les rivières (ah non ! On ne mélange pas passé composé et passé simple ! Tu commences en passé composé, tu continues avec : j'ai descendu toutes les rivières)
Loin des Judas et des faux frères 
Il y aura un pas de toi (Tu veux dire un pas franchi par toi ? Pour aller où ? Pour faire quoi ?)
Quand la nuit tombera près de nous 

Indochine a le chic pour sortir des phrases absconses, mais aussi très sombres. Les paroles morbides donnent envie de se flinguer. Les mélodies sont au contraire très joyeuses et invitent à la danse. L'aspect schizophrénique ou bipolaire des chansons d'Indochine apparaît clairement dans  Song for a dream, avec sa mélodie entraînante, son air de comptine enfantine associé à des paroles déprimantes. Je vous laisse imaginer mon désarroi et malaise lorsque j'ai surpris ma nièce de 5 ans tournoyer avec sa robe à fleurs en chantant de sa petite voix aiguë et innocente :
"Attaque mes rêves ou détruis mon âme 
On fera un rêve incroyable !"

A suivre...

 

20/05/2019

Indochine en concert, fin

musique, chanson française, IndochineLe groupe a la judicieuse idée de proposer un medley, ce qui permet de pouvoir écouter un maximum de chansons pour plaire au plus grand nombre : chacun y retrouvera son tube favori. Le medley dynamise également les mélodies, en coupant un couplet. Comme les 20 000 personnes présentes, je hurle en balançant les bras (voir vidéo) : "c'est à Canary bay, ouh ouh !"
Après l'euphorie, place à la douceur et l'émotion, avec une version intimiste très émouvante de J'ai demandé à la lune. Jusqu'à ce soir, je faisais la cynique en estimant qu'on l'avait assez entendu sur radio nostalgie, et que depuis le temps qu'il suppliait la lune, il n'avait toujours pas de réponse ? Ça fait 15 ans mon gars, va falloir passer à autre chose maintenant. Mais tout le monde sort son briquet (version vieux) ou son portable (version jeune) pour rallumer la flamme. La salle entière se couvre d'infinies lumières, dans un instant de communion solennel (voir vidéo). Lorsque le groupe traverse le public, Nicola Sirkis s'agenouille à deux mètres de moi et serre les mains de ses fans.  

musique, chanson française, IndochineLa joie revient vite avec un nouvel enchaînement de tubes très dynamiques, 3ème sexe, Collège boy, 3 nuits par semaine... La foule est en délire, tout le monde chante et danse. Pour couronner le tout, des ballons géants et des confettis sont lancés. Le public tape dans les baudruches, qui font bien 50 cm de diamètre, pour les faire s'envoler. Je trépigne comme une enfant dans l'attente de toucher un ballon, comme quand je voulais attraper le pompon de la fête foraine pour obtenir un tour de manège gratuit. J'ai hâte d'en ramener un chez moi : j'adore les ballons, mais là un géant qui va prendre la moitié de mon studio, c'est encore mieux ! La baudruche tombe sur mon voisin de droite, puis mon voisin de devant. Comme je revendique : « Et moi !! » ils ont dû me la renvoyer en pensant : « sinon la petite va pleurer », mais je me baisse pile à ce moment-là. Car mon regard d'enfant a été attiré par d'autres objets précieux tombés par terre et que je me dois de ramasser : des confettis (« oh les jolies couleurs ! »)
musique, chanson française, IndochineAprès cette apothéose, le concert ne peut que se terminer sur la chanson la plus connue, celle que l'on attend tous, parfaite pour clore le show en gardant le meilleur pour la fin : L'aventurier... Le public rentre en transe sur le tube. Pourtant, le groupe enchaîne avec une autre chanson anecdotique. Hein quoi ? Le concert n'est pas fini ? Ils peuvent faire encore mieux que ça ? Mais quoi ? Un duo avec McCartney ?
Non non, juste cette chanson et les lumières se rallument. 
J'ai pas compris.
Ils se sont dit : "les gars on a trop bien rempli notre job, ils vont jamais vouloir partir, on va leur mettre un truc banal à la fin" "Trop de fans en délire, ils vont faire des syncopes, faut faire retomber la pression avec une chanson molle du genou". Je ne sais pas, mystère.

Après le concert, plus loin dans une rue, je croise un couple d'une soixantaine d'années qui repart avec mon précieux trophée, un ballon géant. J'hésite à les suivre pour les braquer dans une ruelle à minuit passé : « haut les mains ! Donnez-moi votre baudruche ! » C'est mon acolyte qui les interpelle à ma place : « excusez-moi… elle voudrait taper dans votre ballon. » Je suis repartie toute guillerette, mission accomplie.

En conclusion, j'étais sceptique avant le concert, j'en repars ravie, et j'y serais bien retournée. Le spectacle a été diffusé en direct sur TMC. Je l'avais pourtant vu deux jours seulement auparavant, mais je l'ai à nouveau regardé en entier, toujours émerveillée et sous le charme. J'ai passé les trois heures à danser devant ma télé sans voir le temps passer.